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Comment s'adresser à un collaborateur malentendant : Guide pratique pour une communication inclusive en entreprise ?

En France, 7 millions de personnes déclarent une déficience auditive, soit 11 % de la population. Pourtant, ce handicap invisible reste souvent mal compris en entreprise, rendant l’inclusion du handicap auditif essentielle pour favoriser des conditions de travail adaptées. La communication avec un collaborateur malentendant reste un défi dans de nombreuses entreprises.

Comment garantir des échanges fluides et inclusifs ? Quels sont les bons réflexes à adopter pour éviter frustrations et malentendus ?

Bonne nouvelle : il existe des solutions simples et efficaces pour adapter sa communication, améliorer l’accessibilité en entreprise et favoriser le bien-être au travail pour les collaborateurs malentendants. Dans cet article, découvrez les bonnes pratiques et outils indispensables pour interagir sereinement avec un collaborateur malentendant.

En un coup d’oeil

1. Comprendre le handicap auditif pour mieux communiquer

1.1 Les différents types de surdité et leurs impacts

Tous les troubles auditifs ne se ressemblent pas. Un collaborateur malentendant peut avoir une perte auditive légère, moyenne, sévère ou profonde, et celle-ci peut toucher une ou deux oreilles. En France, 483 000 personnes souffrent d’une déficience auditive sévère à profonde. Par ailleurs, la perception des sons sera différente en fonction du type de surdité : 

  • Surdité de transmission : les sons sont mal transmis à l’oreille interne, d’où le problème de transmission.
    (ex : otites chroniques, bouchon de cérumen, tympan percé).
  • Surdité de perception : l’oreille interne est atteinte, ce qui affecte la compréhension des sons (ex : presbyacousie, exposition aux bruits forts, génétique).
  • Surdité mixte : combinaison des deux types précédents.

Conséquence en entreprise ?
Certains collaborateurs percevront le son sans pouvoir saisir pleinement le sens, tandis que d’autres l’entendront à peine, voire pas du tout. Comprendre devient alors un exercice d’attention permanente, demandant une concentration bien plus intense que pour une personne entendante — ce qui génère, à terme, une fatigue accrue. Imaginez une réunion d’équipe où un collaborateur malentendant suit la discussion. Il capte des fragments de mots, mais les bruits ambiants et les échanges rapides l’empêchent de comprendre l’ensemble des échanges. À force de demander de répéter, il finit par se taire et se sent exclu.

1.2 Les défis rencontrés au travail par un collaborateur malentendant

En entreprise, les situations de communication sont nombreuses : échanges en open space, réunions, appels téléphoniques… et chacune d’elles peut être un obstacle pour un collaborateur malentendant.

Exemples concrets de difficultés :

  • Difficultés de compréhension : dans le brouhaha de l’open space, il est difficile de comprendre une conversation sans support visuel.
  • Fatigue auditive : pour compenser leur perte d’audition, les collaborateurs doivent faire un effort constant pour suivre les discussions. Résultat ? Une fatigue accrue et une baisse de concentration.
  • Exclusion involontaire : une simple discussion à la machine à café peut devenir compliquée.


Les solutions auditives existent, mais ne suffisent pas toujours. Les aides auditives (appareils auditifs) permettent d’améliorer l’audition, mais elles ne restaurent pas une audition normale. Elles amplifient les sons, mais ne les rendent pas forcément plus clairs, surtout dans un environnement bruyant. C’est pourquoi une communication adaptée reste essentielle, même avec ces solutions.

L’environnement sonore joue un rôle clé. Un open space mal traité acoustiquement, une visioconférence non sous-titrée, une réunion avec plusieurs personnes parlant en même temps… Tous ces éléments compliquent encore plus la communication pour un collaborateur malentendant. Ces obstacles montrent l’importance d’un aménagement du poste de travail et d’un environnement propice à l’accessibilité des travailleurs en situation de handicap auditif.

Prendre conscience de ces défis est la première étape pour mieux adapter sa communication et rendre les échanges plus fluides. Il est important de se souvenir que la déficience auditive est un handicap invisible qui peut passer inaperçu, ce qui complique souvent l’inclusion du handicap auditif en entreprise.

2. Les bonnes pratiques pour s’adresser à un collaborateur malentendant

Une communication inclusive et adaptée est essentielle pour assurer l’inclusion du handicap auditif et permettre aux collaborateurs malentendants concernés de s’épanouir pleinement au travail. Contrairement aux idées reçues, hausser le ton ne sert à rien et peut même être contre-productif. L’essentiel repose sur l’articulation, la clarté et le choix des bons outils. Voici les pratiques essentielles à adopter au quotidien.

2.1 L’importance du contact visuel et de l’articulation

La lecture labiale est un repère pour de nombreux collaborateurs malentendants. Elle permet d’apporter jusqu’à 20 % de confort supplémentaire dans la compréhension des échanges. Une bouche masquée, un regard détourné ou un débit trop rapide peuvent rendre la compréhension très difficile.
Voici quelques conseils pour adopter une bonne attitude : 

  • Regarder toujours votre interlocuteur en parlant, ne tournez pas la tête et ne parlez pas en marchant : le contact visuel permet une communication plus naturelle et aide à la lecture labiale.
  • Articuler distinctement, sans exagérer : trop exagérer peut être perturbant et empêcher la lecture labiale. L’idéal est une diction claire et fluide.
  • Ne pas masquer votre bouche : mains, stylos, masques opaques… tout cela gêne la lecture labiale.
  • Positionner vous face à la lumière et non à contre-jour pour faciliter la lecture labiale.

Concrètement, lors d’une réunion, placez-vous bien en face du collaborateur malentendant et assurez-vous que votre bouche est visible.

2.2 Adopter un ton et un rythme adapté

Le volume sonore ne change pas la compréhension des mots. Parler plus fort ne rend pas les sons plus clairs, surtout pour quelqu’un ayant une perte auditive. Ce qui compte, c’est la façon dont vous exprimez l’information.

  • Parler naturellement, sans crier : hausser la voix peut déformer les sons et rendre la compréhension plus difficile.
  • Faites des pauses entre les phrases : cela laisse le temps à votre interlocuteur de bien assimiler l’information.
  • Reformuler plutôt que de répéter : si votre interlocuteur ne comprend pas une phrase, dites-la différemment au lieu de simplement la répéter.


Par exemple, au lieu de dire « la réunion est à 14h” puis, “la réunion est à 14h !! » reformuler votre phrase pour une meilleure compréhension : « La réunion est prévue cet après-midi, elle commencera à 14h. »

2.3 La gestuelle et les expressions faciales comme outils de communication

La communication ne passe pas uniquement par les mots. Les gestes, les expressions et le langage corporel sont des aides précieuses pour un collaborateur malentendant.

  • Utiliser des gestes naturels : montrer du doigt un objet, faire un signe de la main pour appeler quelqu’un, lever le pouce pour valider… Tout cela facilite la compréhension.
  • Exprimez-vous avec votre visage : un visage neutre peut prêter à confusion. Un sourire, un hochement de tête ou une mimique accentuent le message.
  • Rester face à votre interlocuteur : la gestuelle est plus compréhensible lorsqu’elle est visible.

En pratique, lorsque vous posez une question, exprimez l’interrogation aussi avec votre visage et votre ton, et non seulement avec vos mots.

2.4 Quand et comment utiliser l’écrit (mails, chat interne, sous-titrage en réunion)

L’écrit est un outil clé pour éviter les malentendus. Un message oral peut être mal entendu ou interprété, alors qu’un texte assure une meilleure compréhension.

  • Préférer les supports visuels en réunion : affichez les points clés sur un écran ou un tableau pour plus de clarté.
  • Activer systématiquement les sous-titres lors des réunions en visioconférence : Teams, Zoom et Google Meet proposent des sous-titres en direct. 
  • Utiliser les messageries internes (Slack, Teams, WhatsApp, mails) : elles permettent aux collaborateurs malentendants de suivre les échanges de manière autonome.
  • Envoyer des récapitulatifs écrits après une discussion orale : cela évite les oublis et les imprécisions.

Après une réunion, un message simple peut être très utile :

« Bonjour à tous, voici les points clés abordés ce matin : [liste des décisions]. N’hésitez pas à me contacter si vous avez des questions ! »

3. Les outils et solutions pour améliorer la communication avec un collaborateur malentendant

Les avancées technologiques et les aménagements adaptés permettent aujourd’hui d’améliorer considérablement la communication avec les collaborateurs malentendants. Pourtant, ces solutions restent parfois méconnues ou mal utilisées en entreprise. Voici comment les intégrer efficacement au quotidien.

3.1 Les technologies au service d’une audition facilitée en entreprise

Les aides auditives ne recréent pas une audition parfaite, mais elles apportent un soutien précieux lorsqu’elles sont bien utilisées. Il existe plusieurs dispositifs adaptés aux besoins des collaborateurs malentendants.

  • Les appareils auditifs amplifient les sons et facilitent la compréhension dans des environnements calmes, mais deviennent parfois moins efficaces en présence de bruits parasites.
  • Les implants cochléaires, destinés aux surdités sévères à profondes, ils transmettent le son directement au nerf auditif.
  • Les boucles à induction magnétique permettent aux collaborateurs portant un appareil auditif équipé d’une position « T » de capter directement la voix d’un interlocuteur en éliminant les bruits ambiants. 
  • Les microphones déportés offrent une solution efficace pour capter la voix d’un interlocuteur et la transmettre directement aux aides auditives. Particulièrement utiles en réunion ou dans les conférences, ils réduisent les interférences sonores et améliorent la clarté des échanges.

    Exemple concret : Lors d’un séminaire d’entreprise, la salle est équipée d’une boucle magnétique et d’un micro. Un collaborateur malentendant peut ainsi entendre l’orateur sans être perturbé par les bruits parasites de la salle.

3.2 Les logiciels et applications de transcription en temps réel

Suivre une conversation en direct peut être un défi pour un collaborateur malentendant, surtout en réunion. Heureusement, des solutions de transcription en temps réel comme Ava, RogerVoice ou les sous-titres automatiques sur Zoom et Teams permettent d’améliorer l’accessibilité auditive en entreprise.

  • Microsoft Teams, Zoom, Google Meet : ces plateformes intègrent des sous-titres automatiques en direct.
  • Ava : une application qui retranscrit avec un taux de précision élevé, idéale pour les réunions en présentiel.
  • RogerVoice : permet aux collaborateurs malentendants de passer des appels téléphoniques sous-titrés.

3.3 L’importance des aménagements du poste de travail

Un environnement bruyant peut vite devenir un cauchemar pour une personne malentendante. Adapter le cadre de travail permet de limiter la fatigue auditive et d’optimiser la communication.

  • En premier lieu, demander au collaborateur ses préférences en termes de communication
  • Placer le collaborateur dans un endroit calme, visuellement dégagé et loin des nuisances sonores (ex. : imprimantes, open space bruyant).
  • Équiper les salles de réunion de microphones directionnels pour amplifier la voix des intervenants.
  • Optimiser l’éclairage pour faciliter la lecture labiale et la compréhension gestuelle.
  • Être flexible sur l’emploi du temps du collaborateur s’il a besoin de consulter un professionnel de santé par rapport à son handicap.
  • Faire appel à un interprète lors de certaines réunions. Par exemple, s’il y a beaucoup d’interlocuteurs présents ou bien si les autres outils proposés sont trop compliqués à mettre en place.
  • Faire des points réguliers avec le collaborateur pour voir si l’aménagement de son poste lui convient.
  • Installer les différents outils et logiciels dont le collaborateur pourrait avoir besoin sur son ordinateur.
  • Prévoir un grand écran, notamment pour les réunions en visioconférence ou bien voir les visages sera important pour la lecture labiale. Dans ce cas, il frauda bien entendu penser à demander à tous les participants d’allumer leurs caméras.

4. Sensibiliser l’ensemble des collaborateurs pour une inclusion réussie

L’intégration d’un collaborateur malentendant ne repose pas uniquement sur les outils techniques et l’accessibilité physique. Le véritable changement passe par les mentalités et les comportements. Sensibiliser l’ensemble des équipes permet d’éliminer les incompréhensions, d’encourager la bienveillance et d’adopter les bons réflexes de communication au quotidien.

Une bonne formation et des actions de sensibilisation ciblées permettent de lever les freins liés à la méconnaissance du handicap auditif et d’améliorer les interactions entre collègues.

4.1 Former les équipes à la communication inclusive

Beaucoup de collaborateurs n’ont jamais été confrontés à la surdité et ne réalisent pas toujours que c’est un handicap invisible. La sensibilisation est donc un levier clé pour favoriser l’inclusion du handicap auditif et lutter contre les idées reçues.
Une formation ciblée permet de lever ces freins et d’améliorer les interactions au quotidien.

  • Former les équipes à l’utilisation des sous-titres en réunion pour que tout le monde sache comment les activer.
  • Organiser des ateliers de sensibilisation ou des webinaires sur la communication avec un collaborateur malentendant.
  • Proposer des actions de sensibilisation où les collaborateurs expérimentent la lecture labiale ou suivent une réunion avec des bouchons d’oreilles pour comprendre les défis du quotidien.
  • Former les managers aux bonnes pratiques : comment reformuler une phrase, activer les sous-titres en réunion, utiliser les bons outils et mieux comprendre la réglementation et les droits des travailleurs en situation de handicap auditif.
  • Créer un guide interne avec des conseils simples sur la communication avec un collaborateur malentendant.
  • Encourager les témoignages et retours d’expérience des collaborateurs malentendants pour favoriser la compréhension et l’empathie.
  • Nommer un référent accessibilité pour accompagner les équipes dans l’adoption des outils inclusifs et s’assurer de la mise en place des bonnes pratiques.
  • Participer à une formation consacrée à la collaboration avec un collègue malentendant.

4.2 Lutter contre les préjugés et favoriser un environnement bienveillant

Les idées reçues sur la surdité sont encore très présentes, notamment parce qu’il s’agit d’un handicap invisible. Beaucoup pensent qu’un collaborateur malentendant entend parfaitement avec un appareil auditif ou qu’il suffit de parler plus fort pour se faire comprendre. Ces fausses croyances peuvent créer des incompréhensions et ralentir l’inclusion. C’est pourquoi l’inclusion du handicap auditif passe aussi par un changement des mentalités. Plusieurs actions sont possibles pour lutter contre ces préjugés : 

  • Diffuser des messages pédagogiques via des vidéos, affiches ou newsletters internes pour déconstruire les stéréotypes.
  • Encourager une attitude bienveillante et patiente : accepter qu’un collaborateur demande à répéter sans soupirer ou lever les yeux.
  • Créer des espaces d’échange et d’écoute où les collaborateurs malentendants peuvent exprimer leurs besoins sans crainte.
  • Mettre en place un programme de mentorat pour accompagner l’intégration des collaborateurs en situation de handicap auditif.

Par exemple, vous pouvez proposer des campagnes d’affichage avec des messages clairs sur les bons réflexes :

« Ne parlez pas plus fort, reformulez. »

« Regardez votre interlocuteur en face lorsqu’il vous parle. »

« Évitez de couvrir votre bouche pour faciliter la lecture labiale. »

4.3 Le rôle des RH et des référents handicap dans l’inclusion

L’intégration d’un collaborateur malentendant ne peut pas reposer uniquement sur la bonne volonté des équipes. Les RH et référents handicap doivent jouer un rôle moteur en accompagnant les collaborateurs et en garantissant un cadre de travail adapté. Ils doivent également être en capacité d’accompagner le collaborateur malentendant tout au long de son parcours dans l’entreprise et être en mesure de l’orienter vers les différents acteurs nécessaires à l’inclusion de ce handicap.

  • Faciliter les demandes d’aménagements de poste pour que les collaborateurs puissent obtenir les outils adaptés sans démarches complexes.
  • Assurer la formation des managers pour qu’ils aient les bons réflexes dès l’arrivée d’un collaborateur malentendant.
  • Rendre les réunions accessibles en généralisant l’usage des sous-titres et des supports écrits.
  • Évaluer régulièrement l’accessibilité des espaces de travail et proposer des améliorations.
  • Avoir un suivi du collaborateur malentendant tout au long de son parcours professionnel dans l’entreprise.
  • Veiller à ce que le collaborateur malentendant ne soit pas victime de discrimination dans son évolution professionnelle.
  • S’assurer que l’onboarding du collaborateur malentendant et son intégration soit en adéquation avec son handicap.
  • Proposer des afterworks inclusifs autour d’une activité ou le collaborateur malentendants se sentira à l’aise.

Pour vous accompagner dans cette mission, n’hésitez pas à organiser des actions de sensibilisation à la perte auditive (formation, webinaires)  et, en complément, à télécharger des ressources pour vous accompagner dans votre travail.

Conclusion :

En entreprise, la communication est un levier essentiel pour l’intégration de tous les collaborateurs, y compris ceux en situation de handicap auditif. Adopter les bons réflexes, s’équiper des bons outils et sensibiliser l’ensemble des équipes permet de créer un environnement de travail inclusif et bienveillant.

À retenir :

  • S’adresser à un collaborateur malentendant avec clarté, en articulant et en favorisant le contact visuel.
  • S’appuyer sur les outils technologiques comme les sous-titres en temps réel ou les applications de transcription.
  • Aménager l’environnement de travail pour limiter la fatigue auditive et optimiser la communication.
  • Sensibiliser et former l’ensemble des collaborateurs pour casser les préjugés et adopter les bonnes pratiques.

L’inclusion ne repose pas uniquement sur quelques collaborateurs concernés, mais sur l’implication de toute l’entreprise. Et si vous commenciez dès aujourd’hui ? Mettez en place une première action simple : partagez ces bonnes pratiques avec vos collaborateurs, ou proposez une formation en interne.

Besoin d’un accompagnement pour vous aider à mettre en place des actions de sensibilisation en entreprise ?
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